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Les
Seigneurs de la Norvège
Jean, Marc, Pascale,
Jacky, Danielle, Jean-Yves, Anne-Laure et d'autres valeureux skieurs nordiques
ont passé près de 2 semaines en Norvège pour participer à
la Birkebeiner Rennet
entre Rena et Lillehammer, étape norvégienne de la Worldloppet.
Je vous laisse entre les mains de Jean, qui vous narre ce mémorable séjour
nordique... Bonne lecture, et pour toute explication, contactez Jeannot ! |  |
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Prologue : de la morphogénèse linguistique appliquée au ski de fond.
 | Birch
signifie bouleau en anglais, Beine, jambe en allemand ; quant à run, ça correspond
en français moderne au mot courir encore employé au dix-huitième siècle. Il est
donc évident, que, en Norvégien, Birkebeinerrennet fait référence à une course
qui se pratiquait par des gonzes portant des jambières en bois de bouleau. Et
c’est bien comme ça qu’étaient accoutrés les soldats qui, il y a bien longtemps
dans une galaxie far, far away, sauvèrent l’héritier du trône en l’emportant dans
une fuite à ski entre Lillehammer et Rena. Aujourd’hui la course a lieu tous les
ans et chaque skieur doit porter sur le dos un sac de 3,5 kg symbolisant le royal
bébé. |  |
Episode 1 : Où nos héros comprennent que Gardemoen mais le train s’en va.
L’alibi
historico-culturel établi, qu’en était-il des valeureux guerriers du CSMR ? la
logistique avait été affutée au mieux : nous avions décidé de partir en deux groupes
à quatre jours d’intervalle, pour offrir la meilleure résistance possible aux
grèves, détournement d’avions et tentatives d’empoisonnement à bord. Force est
de constater que, si nous évitâmes de peu de succomber aux grèves lancées par
les anarcho-syndicalistes à la solde de Hjelmeset, côté risque d’empoisonnement,
avec rien à bouffer et le verre d’eau payant, nous fûmes, une fois, (ndlr : on
dit toujours fûmes, une fois, parce que fûmes c’est du belge) totalement épargnés.
Merci SAS, qui à cette occasion fut à la hauteur de sa réputation : SAS, Same
As SABENA (re ndlr : SABENA, compagnie aérienne belge, Such A Bloody Experience
Never Again)
Un
vol de Nazgül plus loin, arrivés à l’aéroport d’Oslo Gardemoen, vaste hangar,
où pourtant ne stationnait aucun train, nous cherchâmes hagards où la gare demeure
et l’estomac dans les talons à un point qui donnait envie de manger du cheval.
Une, trois ou sept pizzas plus tard (une pour les trois filles, trois pour moi
et sept pour Jean-Yves), un Norvégien avenant, à notre rencontre, nous confirma
que le train était sur les rails et qu’il en serait ainsi tant qu’on ne procéderait
pas à l’enlèvement de ces rails. Traînant notre amas de housses, nous montâmes
dans le train et nous mîmes, mais sans les mains, à badiner autour du strip-poker
et de la transsubstantiation. A 22 h 30, nous étions en gare de Lillehammer. |  |
 | Y
fait nuit, ça caille, on est fatigués : « bon ben avance puisque t’es fatigué
! » quand surgit hors de la nuit dans le halo des réverbères à sodium basse pression
entourant la gare, à ne pas confondre avec celui qu’éructent certains utilisateurs
de téléphones portables en mal de reconnaissance dans les lieux publics, un mini-bus
de 15 places marqué taxi dessus « ça doit vouloir dire taxi en Norvégien, on fonce
! ». Les passagers et le fatras embarqués, ça se complique ; bien sûr, le chauffeur
parle parfaitement l’anglais, mais quand on ne sait pas où on va, difficile de
donner des précisions. Ce qui donne approximativement : “Watcher, mate, Have You
heard of some place called Camp David in the outskirts, ‘cause it is there we
shall dwell for the coming fortnight ?” Non, connaît pas mais il est sympa et
débrouillard ; un coup de téléphone et il sait où se situe notre fameux chalet
Camp David. |
Après
vingt minutes d’un trajet mené à vive allure sur la route enneigée et quelques
traversées de pistes, on y est … mais pas la clé. Put1féchiémerd elle avait bien
dit qu’elle laisserait la clé sur la porte… ou alentour, ou derrière sur la terrasse,
ou bien ? Si près du but, notre douillet nid nous attend et nous allons être obligés
de redescendre à Lillehammer pour passer la nuit à l’hôtel. Avec le désespoir
propre à faire ajouter à Kierkegaard un addenda à son traité, tel un acalèphe
gisant sur le sable en train de consulter l’horaire des marées d’un œil vitreux,
je demande au chauffeur d’appeler l’agence dont j’ai le numéro ; tu parles, un
dimanche à 23 heures, on a toutes les chances que ça réponde… et ça répond ; les
clés sont à la réception à 300 mètres. Ils avaient juste oublié de préparer le
chalet, serviettes, draps… Mais ça globalement, on verra demain ! une soupe et
au lit ! |  |
Episode 2 : Où il apparaît qu’il n’est pas nécessaire de passer par Dunkerque
pour aller de Lille à Mer.
 | Le
lecteur appréciera sans doute que, à l’encontre des chaînes américaines qui auraient
arrêté l’épisode quand on cherchait la clé, je coupe dans la sérénité, au moment
où nous nous endormons paisiblement après avoir repéré la télé, la chaîne, le
lecteur de DVD, le lave-vaisselle et le sauna ; on tiendra. |
Réveillés
par le gargouillis d’une cafetière et le fumet idoine, nous devinons que Marc
est déjà sur la brèche. C’est son contrat : monter la garde et descendre les poubelles,
faire la vaisselle et défaire les bagages, allumer le feu à la veillée et éteindre
les lumières au coucher, en contrepartie d’un service exclusif d’interprétariat
lui permettant d’étancher sa soif, y compris de questions. Au petit déjeuner,
le débat est nourri en même temps que nous : pouvons-nous nous risquer à sortir
dès aujourd’hui ou attendons-nous l’arrivée de la deuxième équipe dans à peine
plus de trois jours, pour faciliter le regroupement ? A une courte majorité de
six voix contre zéro, nous optons pour la sortie. |  |
 | D’abord,
les commissions : Nordseter-Lillehammer, 25 minutes par le bus 260. Dix kilos
de pommes de terre, autant de pâtes et de saumon, trois paires de skis, bâtons
et chaussures ; ni Laurence, ni Anne-Laure, ni Pascale n’ont de matériel de classique
et de toute évidence l’usage des pistes autour de Nordseter, notre base-vie, restera
suboptimal sans ce type de matériel. Chez Intersport Lillehammer, à la différence
d’Intersport Chaumont, quand vous demandez un flex 85 pour des fixations pilote,
on vous l’apporte dans les trente secondes et on ne vous répond pas : « y a pas
d’ça ici et filez ou j’appelle les gendarmes non mais alors ! ». D’autre part,
il faut quinze minutes à un vendeur pour monter trois paires de fixations, poncer
quatre chambres à fart, retailler quatre bâtons et recoller les poignées. A 17
heures, le magasin ferme et au vu de la qualité de vie et d’habitat à Lillehammer,
on se demande bien pourquoi ils feraient des heures sup’. |
Allégés
de 8000 Couronnes mais chargés comme des mules, nous regagnons nos pénates et
enquillons au sauna. Dans la foulée, nous commençons à étudier sérieusement le
plan des pistes ; il faut voir la réalité en face : même en envoyant du gros les
jours impairs et du lourd les jours pairs, on n’aura pas le temps de faire le
tour des pistes à proximité, qui s’étendent quand même de Trondheim à Oslo. |  |
 | Dès
le mardi, nous plongeons dans une forme de neurasthénie collective dont même les
facéties de Mike Horn au pôle nord, son meilleur récit avec Mike Horn au pressing
et Mike Horn chez la boulangère, narrées par Marc, ne peuvent nous extraire. Manger,
skier, manger, skier, prendre un sauna, manger, écouter Mozart, prendre un Whisky,
écouter Gotainer, prendre une poire, écouter Mozart, prendre une mirabelle… surtout
qu’on a oublié les bières et qu’on n’a donc rien à boire. |  |
 | Mercredi,
rien à signaler : une grande balade jusqu’à Hornsjö avec des accélérations progressives
conduisent certains membres du groupe à décrocher et d’autres à une hypoglycémie
sévère, qui nécessite de les abandonner sur place. Mais ceux qui arrivent à rentrer
ont gros moral : « je tiendrai, ça va aller ». Le lendemain, le reste de l’équipe
viendra remplacer les disparus. |  |
Par chance,
Marc a trouvé en allant aux poubelles une salle de fartage tout aménagée. Il n’est
donc plus nécessaire à Jacky d’apporter une forme et le poids équivalent peut-être
investi dans du chocolat.
Episode 3 : Où nos belles vont à Oslo ; où Périllat en la demeure pour les Français
sur le 50 d’Holmenkollen.
Je
regarde par la fenêtre et observe. A cinquante mètres, sous une neige tombant
à gros flocons et un ciel bas et gris qui pèse comme un couvercle, un véhicule
est arrêté. Un homme en sort, fait timidement quelques pas dans la neige fraîche,
cherche, tel un jeune faon, à stabiliser ses appuis sur ce manteau fuyant, fait
encore quelques pas, plus volontaires, commence même à courir et tout à coup prend
à droite un chemin qui mène vers les pistes et éloigne du chalet : « Ho, Jacky
! - qui c’est ? – c’est moi – moi aussi, c’est moi – donc c’est nous ! ». Ils
sont venus, ils sont tous là, même ceux du sud de l’agglo de Lyon (la ligne mélodique
est jointe en annexe). On a tenu jusqu’à la relève et on a du chocolat. |
 |
 | Dès
le lendemain, les grandes manœuvres se précisent. Week-end à Oslo et surtout à
Holmenkollen où a lieu le samedi une coupe du monde de fond spécial, le fameux
50 km classique. Cinq drapeaux bleu, blanc, rouge format affichage Giraudy ont
été confectionnés avec amour par Pascale ; Jean-Yves est en charge des textes
« Rou, Roux, Rousse, Rousselet ! », Marc de la chorégraphie, un mélange des meilleurs
moments de Titanic et du cuirassé Potemkine. |
Samedi
midi, Holmenkollen : c’est une autre culture. Un vrai engouement populaire à base
de café et de saucisses. Le roi est là, 50 000 mètres cubes de neige ont été apportés
aussi, juste avant la chute de la veille qui a tout recouvert de blanc. Chauvet,
Périllat, Rousselet, Jonnier et Vittoz prennent le départ, mais seuls Jonnier,
Chauvet et Périllat prendront aussi l’arrivée, avec une belle dix-septième place
à la clé pour ce dernier. Au trentième kil’, le Toz est tellement cuit du haut
du corps qu’on sent le caramel à son passage… Veerpalu, Filbrich et Hjelmeset
se partagent le podium. |  |
 | Au
demeurant, Oslo est une ville fort agréable pour les touristes qui s’attachent
aux détails : le parc Vigeland et ses sculptures, la presqu’île de Bygdoy, le
musée Münch et les tapisseries des Nobel, mais elle renferme surtout un trésor
: une pizzéria où l’on sert plats et boissons (sans alcool, faut pas rêver) à
volonté. Le week-end est sauvé. |  |
Episode 4 : Où nos héros constatent que mieux vaut farter long à la poussette
que songer fard à la poulette. |
|
 | Dès
le lundi, nous repartons avec ténacité à la découverte de nouvelles pistes, des
single tracks aux grands boulevards. En point d’orgue, une séance où Jean-Yves
et moi empruntons un itinéraire comportant une descente que nous qualifions de
« plus belle descente de notre vie » et qui nous amène au milieu d’un petit village,
Mesnali. Pour retrouver les pistes à partir de là, sans déchausser, il faut traverser
la cour de l’école, longer une route sur la banquette, passer deux prés et remonter
le long d’un chemin de promenade qui débouche sur la terrasse d’un centre de remise
en forme : les pensionnaires du Montebello Center s’en souviennent encore. |  |
 |
|
 |
Cette séance laisse
quelques traces et Jean-Yves commence à souffrir de schizoïdie. Le lendemain soir,
seul sur le plateau battu par les vents, à la nuit, une caméra le surprend tournant
comme un derviche et psalmodiant « je suis Jean-Yves Mike Horn ». Anne-Laure parviendra
à sauvegarder ce document sur lequel se penchent à l’heure actuelle des noms éminents
de la psychiatrie clinique. Aux
dernières nouvelles, l’espoir de rémission reste mesuré. |  |
 |  |  |  | Le
samedi, Roland, Jacky, Marc et moi sommes les seuls rescapés pour la course. Réveil
3 h, taxi à 3h 50, bus à 4 h 30. Le parcours de Rena à Lillehammer est en effet
long de 54 km à ski mais de 140 km par la route. On a préféré assurer le coup
et nous sommes dans le premier bus avec tous les plus de soixante-dix ans qui
partent à 7 h 30 alors que nous partons entre 8 h 30 et 9 h 00. A 6 h 32, nous
sommes au départ ; il n’y a aucun abri, notre bus s’en repart et il fait sous
les –20°.Malgré la différence de température, je pense à la scène du film « la
mort aux trousses » où Cary Grant attend un rendez-vous au milieu des champs de
maïs. Si on reste là sans bouger, on va claquer ! |
Heureusement, un peu plus tard, alors que nous envahit le frisson terminal, le
bus d’un club norvégien nous accueille avec chaleur. Nous y restons jusqu’à 8
h, et il est alors temps de s’étirer, de se mettre en tenue (fait toujours froid)
et d’y aller. Quatorze lignes se succèdent à raison d’un départ toutes les 7 minutes
30. J’ai eu un dossard de première ligne et l’autoévaluation de mon niveau me
conduit à me placer en fond de ligne.
C’est
parti ; la qualité de neige est très différente de celle que nous connaissons
autour de Nordseter, placé sur la fin du parcours et je suis farté trop fort.
Mais tout de même, je ne m’étais pas imaginé être tout seul au bout de cinq minutes
de course sans plus aucun autre skieur à vue, l’hélico en stationnaire au-dessus
de moi. Ce sont maintenant les images de « Apocalypse now » qui défilent dans
ma tête. Après 12 km et 700 m de dénivelé positif, je débouche sur le plateau
au milieu des « deuxième ligne » dont les premiers m’ont déjà largement dépassé.
Il fait grand beau mais je ne quitte pas la cagoule. Qu’eût-ce été par mauvaises
conditions ? Je commence à comprendre pourquoi coupe-vent et nourriture sont obligatoires
dans le sac à dos, en cas de bivouac improvisé… Au km 40, j’arrive sur la partie
du parcours que nous connaissons bien et bizarrement, sans raison évidente, la
qualité de neige change et je glisse bien mieux. Jusqu’à présent, je me suis laissé
doublé, nonchalant, tel un ruminant regardant passer les TGV en prenant garde
au torticolis, mais maintenant, ça va péter.Je suis d’autant plus motivé qu’une
sublime Norvégienne vient de me rattraper dans un battement de cils et de paupières
fardées et que j’aimerais bénéficier de la vue le plus longtemps possible. |  |
La descente
finale (il y a 400 mètres à perdre sur 7 km) me confirme dans mes impressions
: le niveau technique est ici incomparablement plus élevé que ce que l’on a pu
voir en Suède ou en Finlande et, à quatre de front sur une piste de cinq mètres
de large en virage, tout le monde garde les cuisses à l’horizontale et ça passe.
 | Dans
le stade d’arrivée, je mets un ultime sac en poussée simultanée pour prendre deux
mètres à ma Norvégienne, me relever et la laisser me devancer sur la ligne ; on
se bat avec les armes qu’on peut ! Nous venons, dans le dernier kilomètre, de
faire le parcours exact qui a vu en 94 Alsgaard passer Daehlie à l’épaule lors
de la poursuite, l’équipe norvégienne se faire taper au sprint par les italiens
sur le relais... Après quelques instants passés à planer, le froid, encore lui,
me rappelle à la réalité. Se couvrir (merci les vêtements dans le sac à dos),
sauter dans la navette qui amène au Hakon’s hall, au pied des tremplins olympiques,
récupérer mon sac vestiaire, m’apercevoir qu’une navette régulière (le bus 260)
va passer dans 5 minutes et que sinon, il faut attendre une heure de plus, sauter
dans la navette, tout cela me ramène au chalet à 13 h 25, bon premier puisque
tous sont encore en course ou sur le bord de la piste pour nous encourager. |  |
Le deuxième
wagon arrive quelque temps plus tard et Marc a brillamment relevé son défi personnel
: il a réussi à l’arrivée à biasser 9 kilos de pommes, 14 litres de yaourts et
117 paquets de chips...
Péroraison : Quand on ne sait pas où on habite, on ne se perd pas. |  |
On s’est regroupé
; on a fait le point. Pourquoi rentrer ? Parce que.
 |
Le lendemain, nous nous retrouvons à l’aéroport en compagnie du Team Isère. Lilian
Gaillard, François Soulié, Franck Gorry, Nicolas Fanjas-Claret, Stéphane Gallin
et Damien Girard-Blanc ont fini la course à la rue à des degrés divers et, finalement,
on n’est pas si mauvais pour des charlots. Et si on en refaisait une l’an prochain
? La Marcia ou la König ? Marc et Jacky envisagent de se consacrer d’ailleurs
exclusivement aux programmations hors les murs. Et si on enchaînait le marathon
de Sapporo, la Keskinada et la Kangarooloppet ? Et si… |  |
Ailleurs reste
un mot bien plus magique que demain...

Et si ?... en attendant
la prochaine fois !
Allez,
encore une fois, rien qu'une dernière fois, pour le plaisir des yeux :
repartons sur les plateaux, au coucher du soleil, dans la fraiche, dans le silence,
ailleurs...

